Après une nuit remuante sur les tonnes de l’Argol, on met le cap sur Le Palais où on retrouve Xavier et Erwan.
Les Brios se détachent de la tonne et je préviens Didier qu’il a un bout à l’eau. Ca a tellement secoué que la haussière (toute neuve) de Patrice s’est rompue en deux. On peine à comprendre ce qui a provoqué ça, peut-être un amarrage plus court et une traction supporté par son seul bateau…
Pignouf, le brio d’Erwan montre aujourd’hui encore toutes ses qualités marines, les voiles sont envoyées sans peine et le vent, plus soutenu que la veille, nous emmène autour des 5 noeuds jusqu’à dépasser l’île aux chevaux. Un front bien sombre se forme à l’arrière d’Hoedic et on encourage la fin du convoi à nous rejoindre rapidement si ils ne veulent pas se trouver sous la pluie. Pluie qui ne tarde pas à s’annoncer à la VHF : « passez vos cirés, il pleut ici ».
Deux bateaux à passagers mouillent face au Palais. Un géant des mers (du coin) et un bateau plus petit, mais qu’on sent plus confortable et destiné à une clientèle plus aisée. A l’approche de celui ci, la pluie nous rejoint jusqu’à notre entrée au port. On prend place sur les pontons flottants et une fois tout le monde amarré, on prend l’apéro pour attendre Erwan (propriétaire d’un Kelt 707, pas mon cap’tain de cette édition) et Xavier qui donnent de leurs nouvelles régulièrement et s’approchent rapidement de nous.
Xavier (Chouf) arrive en début d’après midi, il a un Kerlouan dénommé « La Chance », et l’histoire de ce nom est la plus sympa que j’ai eu l’occasion d’entendre : avant d’avoir son bateau, à chaque fois qu’il en voyait un sur l’eau, il le pointait du doigt en disant « La chance ! La chance ! ». Le nom de son bateau s’est imposé naturellement à lui.
Sitôt amarré, et une petite visite de son canot proposée, Chouf annonce ne réver que de plonger une tête. Il me passe son sac, que je n’imaginais pas si lourd : il a ses plombs de plongée dans le fond ! Il sort également avec un harpon et s’apprête à aller pêcher à l’arrière du port.
On ira le retrouver un peu après. Sa bouée de plongeur qui me fait penser à une bouée canard – en plus rouge – se déplace dans les vagues. Il remontera dans son filet 7 ou 8 araignées qu’il préparera à bord de son canot. Canot sur-équipé, il a là dedans toute une batterie de cuisine, mais aussi un fumoir à poisson, un sabre de pirate, un mousquet, des briquets de poilus en vente, mais aussi un canon (miniature mais fonctionnel) pour tirer sur les indélicats qui le cherchent : pif ! pif !
Au moment où les confortables croiseurs des jeunes du 93 entrent au port, on part faire un petit tour autour du fort Vauban. Quel bâtiment ! Ca devait mettre un sacré coup au moral quand on venait pour le prendre et qu’on arrivait au pieds de ses murailles ! Des hauts du fort, la vue sur la mer est absolument grandiose, on a tout à portée de vue : Quiberon, Houat, Hoedic, tous les cailloux dont on a appri le nom plus ou moins récemment, ceux qu’on ne connaît pas encore, tout ça au milieu des tâches faites par les risées sur l’eau.
On ne voudrait être nulle part ailleurs, mais le fumet imaginé des araignées nous ramène au port.
Chouf est grimpé sur le pont de son bateau un lambis à la main et souffle puissamment dedans. La corne de brume des traversiers de l’île n’est pas si puissante. Mais la surprise sonore n’est rien, son appel est à peine lancé qu’on voit arriver sur le ponton une fille qui vient à sa rencontre ! Magique ! Si son bateau n’était pas si bien gardé, je crois qu’on aurait tous essayé la nuit de venir lui chipper son appeau à filles ! Le lendemain, on lui demandera de souffler plusieurs fois.
Chouf sort ses araignées qui sont désormais cuites et qu’on déguste sur le ponton, un vrai délice ! On poursuit la soirée dans un bar du Palais où on manque de payer trois tournées pour deux servies, avant de retrouver les bateaux pour une nuit encore une fois particulièrement roulante.
12,4 Milles nautiques, 5,3 noeuds de moyenne (fond)
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