Ce sera sans doute notre plus bel exploit de la saison, saison qui s’annonce malheureusement assez peu navigante.
Long, long week-end de quatre jours et demi autour du quatorze juillet et de son pont. On sera dans notre bulle, et on ne découvrira les tristes évènements de Nice qu’à notre retour, retour qui du coup a un goût amer.
Mercredi, on décolle de Nantes en tout début d’après midi avec tout mon petit monde à bord de l’auto. Le coffre est plein, mais on fait des courses de frais à La Roche Bernard, en prenant quelques trop petits morceaux de viande à griller pour tester notre barbecue coréen tout neuf. C’est que j’ai d’autres projets prévus de longue date autour du bateau et du barbecue, mais, chut… c’est secret ! Le temps est assez couvert, mais la météo annonce de mieux en mieux d’ici la fin de semaine. On n’a pas très chaud néanmoins, mais… le barbecue marche au top ! Un petit coup de démarrage sur le moteur qui n’a pas tourné depuis un mois, il démarre instantanément et tournera une demie heure sans faillir. On profite alors serein du coucher de soleil, et on se couche, demain on décolle à mi-marée vers 9h.
La nuit a été très fraîche, et on se lève sans réveil assez tôt !
Un petit déjeuner, les amarres à larguer, et on passera l’écluse sans le moindre soucis de moteur, il répond au quart de tour, ronronne à tous les régimes et ce pendant la bonne heure de descente de la Vilaine. Cette fois ci, je lèverai les voiles plus tôt que les dernières fois, faut dire, le vent n’est pas bien violent. Le début du trajet est un peu monotone, les voiles tournent, le bateau est posé sur l’eau comme un bouchon, les petits ne sont pas passionnés par leur début de week-end. Moi non plus cela dit. Mais le vent se lèvera progressivement et on fera même notre pointe du week-end à 6,4 noeuds sur l’eau, sensiblement pareil sur le fond.
Ah et, c’est ma première sortie avec la nouvelle grand-voile qui ne déméritera pas ! Merci Claude !
Les manoeuvres d’approche du port se seront cette fois ci plutôt très bien déroulées, le génois (et son enrouleur neuf) se manipulent à deux doigts, la grand voile ne posera pas beaucoup plus de problème malgré un vent et une petite houle désormais levés. Appel à la VHF : « Ar Naoned pour le port de Piriac, nous souhaiterions passer la nuit, pouvez vous nous attribuer un emplacement, le bateau fait 7m10 par 2m50 ? » – « scrrrrrchuccchhhhh arrivée » – « euh, désolé, je n’ai pas bien compris, vous pouvez répéter ? » – « scrrrrchch bateau crrrrrrr chercher ssccccrrhhh votre arrivée » – « bon d’accord, merci… ». Je crois qu’un bateau viendra nous chercher à notre arrivée… ce qui se confirme, on voit des agents du port faire des allers-retours pour placer les bateaux qui arrivent. Trop facile… Bon, en suivant notre guide, je ne passe pas bien loin d’un voisin avec un vieux et imposant Bi-Loup mais ai le bon réflexe, et grace à mon épouse on prend notre emplacement sans heurter quoi que ce soit. Le moteur, je vous ai dit ? Pas de soucis. De bout en bout et à tous les régimes.
Piriac est vraiment un très chouette endroit et très vite on s’imagine y laisser le bateau à l’année ! Sentiment confirmé par l’accueil à la capitainerie qui est au top ! Les petits repartiront même assez fiers avec un kit cadeau constitué de conserves et diverses autres denrées non périssables. J’avais compris des discussions récentes que si on pouvait rester un peu en place ça satisferait bien tout le monde, j’avais dans l’idée de repartir le lendemain pour La Turballe, mais je demande si il est possible de rester deux jours, c’est le cas, on profitera du lieu. Après midi plage sous un vent frais pour les petits. Je suis en polaire et j’ai froid.
Le soir, on fera un tour en ville, je suis avec mon polaire et mon coupe vent d’hiver, et ça ne suffit pas, j’ai toujours froid. A notre retour, le feu d’artifice est tiré juste derrière le port. D’ailleurs, les artificier préparaient leurs fusées à son entrée le matin même. On est aux premières loges, c’est royal, et je regrette de ne pas avoir pensé à convier des tas d’amis comme nos voisins de ponton ! Pendant ce temps, à Nice c’est une autre histoire, mais on n’en saura rien avant le surlendemain… Le journal du vendredi affichait Hollande et ses intentions de rempiler en couverture…
Le vendredi, on profite de la ville et de la plage, s’il fait un peu meilleur, on ne se sent pas en juillet pour autant. On fera un nouveau barbecue dans le bateau, et lorsque les petits partent pour la plage, moi je prétexte un nettoyage du bateau pour m’y prélasser un peu. Un voisin en face sort bruyamment de nulle part, manifestement un peu saoul, interpelle on ne sait trop qui, et accompagné de trois ados se prépare à sortir alors que le port va fermer le temps de la basse mer… Leur départ m’aura ôté tous mes doutes et appréhensions quant aux manoeuvres de ponton… bing le ponton, bing le voisin, le tout en envolées de jurons sur ses équipiers… dans un sens c’est assez marrant, ça a un côté Cap’tain Haddock, dans un sens seulement…
Le soir c’est pizzeria, les petits en parlaient depuis la veille, à cause d’une carte trouvée à la capitainerie à notre arrivée. Ce n’est pas un mauvais choix, et après un nouveau tour en ville, on passera un nouvelle nuit fraîche à bord, la dernière du voyage.
Le samedi, c’est le jour du retour, après deux jours vraiment sympa à Piriac qui auront je pense convaincu un peu tout le monde…
La marée fait qu’on n’est pas pressé, de toute façon le port sera fermé une bonne partie de la matinée. La météo nous donne des conditions de vent un peu plus musclées que le jour de notre arrivée et je m’en inquiète un peu. Mais au départ, ce n’est pas violent. Qui plus est les filles du bord squatteront la plage avant un bon bord que je ferai au moteur (qui tourne tout seul). On hisse les voiles, on fait notre pointe du jour à 4,5 noeuds, mais très vite le vent baisse et refuse. Le cap s’écrase vers l’île Dumet et les bords sont de moins en moins dynamiques alors que le soleil se fait lui de plus en plus mordant. On fera quand même un long bord autour de 3 noeuds qui nous amènera en face de la Mine d’Or à Penestin. Ici, panne de vent totale, on est envahi de moucherons alors que le soleil donne à plein et chauffe comme pour rattraper le temps perdu !
J’essaierai la godille, avec un mouvement très peu assuré au début que je tiendrai un peu mieux à la fin mais sans être vraiment persuadé de l’efficacité. Au moins la rame reste maintenant dans la dame de nage et je peux voir des petits tourbillons partir alternativement d’un bord puis de l’autre. Le loch en revanche reste bien tranquille…
Les petits s’ennuient à bord et la présence de toutes ces mouches ne sont pas pour arranger leur sentiment. Je décide donc de mettre le moteur, et de profiter à mon tour de la plage avant en mode vigie « terre à l’horizon »…
La Vilaine, de son embouchure à Arzal, c’est quand même un peu long, et en plein après midi ça n’a pas le charme du lever du soleil…
Mais à la fin on arrive quand même en vue de l’écluse. On se place sur le ponton d’attente… le moteur, pas de soucis depuis l’embouchure de la Vilaine. L’écluse ouvre, on y entre avec pour moi le même stress et la même poussée d’adrénaline qu’à chaque fois… Qu’est-ce qui va se passer cette fois ci ?… Le lamaneur disparaît un instant, on se pose où je vois une place, il revient, on se fait renvoyer au milieu de tous les bateaux pas très gentiment, où on se fait pousser par un 40 pieds, qui nous cale au chausse pied où on devait aller. On coupe le moteur et on nous annonce 45 minutes d’attentes. Le soleil donne à plein, et ici ce sont les fourmis ailées qui nous envahissent !
A l’extérieur de l’écluse encore ouverte, ça se presse, les bateaux affluent sans arrêt. Le lamaneur donne ses instructions à la VHF (canal 11) : « placez vous sur le ponton offshore, l’écluse de 19h est pleine vous passerez à 20h »… il n’est pas 18h. Puis les indications sont données dans la passe : notre voisin doit avancer, les deux bateaux devant aussi, nous apparemment, on ne bouge pas. Sauf que mes voisins s’inquiètent de la manoeuvre me disent que je suis mieux placé pour y aller… En fait je suis d’accord avec eux mais je sais qu’on ne décide pas ici… Le pont s’ouvre, le lamaneur fait des gestes, je pense qu’il me vise avec son antenne de VHF, les voisins confirment mon impression, on largue et on s’avance, ouh bondla qu’ai-je fait :) Bon, une fois partie, on me demande de continuer malgré tout, et on s’accroche comme on peut, et derrière nous ça joue à Tetris sauf que les lignes pleines ne disparaissent pas…
La passe s’ouvre, on doit la quitter, le moteur tourne depuis 2 minutes sans trop se faire remarquer, petite accélération, on fait 10 m, et rien que pour faire chier, il s’arrête ! Le con ! Je le relance, on fait 20 mètre il s’arrête à nouveau et là il ne redémarre pas comme ça. Nos voisins nous prendront en charge pour nous dégager du trafic… il redémarrera 20 m plus loin et nous conduira jusqu’au ponton, je crois que ce moteur veut nous dire quelque chose de pas très sympa… Mais pourquoi ?
[…] L’histoire commence en fin d’année dernière, un couple d’amis se marie et un tirage au sort me désigne pour offrir un barbecue en juillet aux mariés. Je me voyais mal faire ça dans mon appart de centre-ville, en revanche, sur le bateau ça devenait encore plus amusant. Je m’étais alors renseigné sur les barbecues pour bateau, mais le prix du barbecue, mais plus encore le prix du support (une pauvre tige en inox à une centaine d’euro, pour qui nous prend-t-on ?) m’avaient fait chercher autre chose. Et au dernier moment, je me suis souvenu de mes années japonaises et des restaurants de yakiniku et des barbecues coréens chez ma belle-famille. Mon épouse avait trouvé une plaque de cuisson qui s’adaptait très bien à notre gaz de table qu’on avait essayé par deux reprises lors de notre dernière sortie sur Piriac. […]