Où on rejoint un nouveau port avec une houle pas très commode.
L’objectif était de mener le bateau à Pornichet pour la fin de la saison. On quitte donc Nantes le jeudi dans l’après midi, avec un blablacar qui s’avèrera être un voileux qui a son bateau – un Dufour 1800 – à la Roche Bernard. Il nous dépose à la sortie de la voie rapide, on marche un peu pour se placer sur une route qui ne mêne qu’à Arzal armé d’un luxueux panneau d’auto-stoppeur, et la cinquième voiture nous emmènera à l’entrée du port. On ne pouvait pas rêver mieux !
On arrive à Camoël, il fait chaud et on commence par envisager une boisson fraîche qu’on prendra au club de canoé-kayak d’Arzal. Puis, arrivé au bateau, on lance le moteur qui démarre et tourne sans soucis, on largue les amarres, direction l’autre côté pour prendre un peu d’essence. Comme la dernière fois, le moteur ne pousse pas bien fort, et en y regardant mieux, mes soupçons de vase se confirment. On sortira le moteur et le douchera abondamment jusqu’à ce qu’il soit propre… Comme disait mon équipier, ce qu’on enlève ne vient pas de cette planète. On oubliera l’adaptateur du tuyau d’arrosage sur le robinet en le retirant… Puis, on déplace le bateau pour le mettre sur le ponton d’attente le temps d’aller manger une crêpe à l’Inflexible. Au retour, un bateau cherche une place : « on s’en va ça vous intéresse ? », on leur cède notre place alors que la nuit commence à se faire très noire. Mes feux de route, c’est du costaud, on sera vu à 100 milles si il le fallait ! On rejoint alors le ponton, on met la batterie en charge, et on passe une nuit parfaite.
On ne se reveille d’ailleurs pas très tôt, et on passera l’écluse à 10h, pas d’anecdote cette fois ci, on se place sans soucis à couple d’un feeling, mais c’est derrière nous cette fois ci qu’un bateau se met de travers dans la passe. Compassion et commentaires entre ceux qui n’ont pas failli cette fois sur nos misères passées dans cette écluse. Il y a peu de bateaux à passer, ça va très vite. Il y a un bon vent, on établit vite la GV, le génois suivra de lui même très rapidement (la drosse n’était pas assurée), et la descente de la Vilaine se fera à la voile à une belle allure, et la Vilaine à la voile, c’est du coup très sympathique.
On arrive en face de la pointe de Pen Lan, et on file d’abord au 205, on est plein vent arrière et ça souffle, pour s’éviter les empannages trop brutaux, on part au portant sur un bord au 170 avant d’empanner au 240 pour ne pas s’approcher de trop de la cardinale ouest de Penestin. La mer n’est pas vraiment plate, on est un peu bousculé, mais on battra notre record de vitesse de tous les temps avec un 7 noeuds tout rond au loch (qui ne dure qu’une demie-seconde). Mon équipier blanchit et préfère aller dormir dans le carré. Il n’en ressortira qu’arrivé à destination, me laissant ainsi seul à la manoeuvre, j’ai peine pour lui, mais c’est un signe : je dois y arriver seul… Seul avec mon pilote fait d’élastiques qui ne s’en sort pas si mal dans ces conditions : je peux lâcher la barre pour assurer la bôme sur la plage avant quand je décide de partir plein vent arrière pour limiter la route et les manoeuvres, lâcher la barre pour aller me chercher une boite de maquereau, lâcher la barre pour la manger, pour affaler les voiles, pour mettre les pare battages… C’est donc possible.
Les chiffres du jour : 33 milles nautiques à 4,2 noeuds de moyenne. Pointe à 7 noeuds au loch (all time record !), 7,2 sur le fond. Le matin, on marchait autour de 6 noeuds. Le midi à un peu plus de 2 noeuds, l’après midi à 4. Un court épisode de moteur le midi et un autre un peu plus long en arrivant en vue de Pornichet (mais plus pour fuir le désagréable travers des vagues que pour marcher plus vite).
Arrivés à Pornichet, je m’adresse à la capitainerie du port sur le canal 16, me fait rappeler à l’ordre : c’est sur le 9 qu’il faut les appeler. Oui, je le savais pourtant. On me propose de me mettre au bout du ponton F. On s’y placera à couple d’un Jeanneau de 25 pieds avant d’aller à la capitainerie pour demander à être mieux placé (on reste longtemps). La fille qui nous accueille nous recommande de laisser passer le mois d’août pour ça, que si le bateau gène, les services du port le déplaceront. Ok, on reste à couple.
C’est alors le moment d’aller prendre l’apéro pour se rafraîchir un peu : il fait chaud ! J’entends à l’autre bout du port une trompette qui me paraît familière, puis un bout de balance qui me rappelle encore quelque chose… Après avoir cherché ce qu’il se passait à Pornichet puis sur le site du groupe que je pensais reconnaître, je triomphe : ce sont bien mes amis de Shook Shook ! Quel coincidence !
Retour sur le bateau pour ranger, on aura bien du mal à rejoindre la gare avant le dernier départ, j’envoie alors un message à la maison : « je rentre ou vous venez demain ? » La réponse me permettra de rester le week-end à Pornichet ! Yay ! Je vais écouter le groupe de mes copains et mon équipier décide lui de rentrer chez lui… je recevrai un SMS qui me dit qu’il n’a pas la bonne clé et rentre au bateau. Je lui répond d’une plaisanterie, décidément ce n’est pas sa journée ! De retour au ponton, la grille est close… mince, comment faire ?… Un numéro de téléphone aboutit sur le répondeur de la capitainerie, qui est fermée, mais donne un 06 à joindre en dehors des heures d’ouverture. Il est 1h du matin, je compose le numéro et obtient le code pour le ponton et rejoins ma couchette.
Le lendemain matin, après avoir accompagné mon équipier à la gare, et de retour sur le bateau, je croise le gars des services du port, lui explique la situation. Son avis était bien différent de celui de la veille : « allez prendre une place sur le ponton I, côté terre, seules des 25 dernières places sont réservées, vous y serez mieux qu’ici. Par contre en partant naviguer, la place ne vous est pas réservée, n’espérez pas la retrouver au retour ». C’est encore seul que je larguerai les amarres et irai déplacer le bateau… que de premières fois ce week-end !
L’heure d’aller chercher les miens à la gare arrive, fier de raconter mes exploits, on ira vite profiter de la plage malgré une mer bien basse et bien lointaine. De retour, l’objectif est à la découverte des sanitaires du port, qui conviennent visiblement à tout le monde, on mange le soir dans le bateau, et on y dort.
Le lendemain matin, on a du temps à passer au bateau qu’on consacre au nettoyage et à la suppression des lichens du pont, tâche que les petits prennent très à coeur. On regrette ici l’embout oublié à Arzal l’avant veille, mais avec une bassine et un peu de temps on parvient au même résultat. Je mets à profit aussi la petite imprimante à étiquettes que j’avais amenée pour marquer la place de chaque chose à bord, en particulier de l’armement de sécurité.
Avant de rentrer, on ira manger sur le port, au « p’tit mousse », très bon, très copieux, qui une pizza, qui un steack haché, qui des moules et une belle glace en dessert.
On décolle, je sors alors les sacs du carré, ferme le bateau, et y oublie mes clés de maison et de bureau, autant dire que ça bâche un peu depuis…